Chronique réalisée pour Les chroniques de l’Imaginaire
Ce petit bijou n’est pas la dernière aventures de Charlie Parker, mais se situe bien plus tôt. A l’origine, ce texte faisait partie d’un recueil de nouvelles fantastiques commandées par la BBC en 2003, comme l’explique Connolly dans la préface. A ce moment il avait déjà écrit cinq romans, mais ne savait pas vraiment comment développer son écriture et son personnage. L’écriture de ce recueil lui permet de faire évoluer Charlie Parker. Désormais son personnage fétiche vivra dans un univers teinté de fantastique, ce qui est tout à fait inhabituel pour des énigmes policières.
On assiste en quelque sorte à la genèse de ce personnage récurrent. Comme il s’agit d’un texte court. il est difficile d’en parler sans lui ôter tout son suspense. On apprend que Charlie a perdu sa première femme et leur fille qui ont été assassinées. Là il s’est remarié avec Rachel et leur bébé est sur le point de naître. Charlie est détective privé et un homme dont la fille a été autrefois tuée l’engage pour surveiller une vieille bicoque au fond des bois. Il ne s’agit pas de n’importe quelle baraque, mais celle de John Grady, le tueur d’enfant qui a assassiné Louise et d’autres fillettes. Il désire la conserver comme un monument à la mémoire des victimes, mais il l’a barricadée pour empêcher le tourisme macabre. L’homme va l’inspecter de temps à autre pour s’assurer que personne n’y est entré. Lors de sa dernière visite, il a trouvé une photo de petite fille dans le séjour et craint que cette enfant inconnue ne soit en danger. La police locale ne l’a pas pris au sérieux, aussi s’adresse-t’il à Charlie Parker pour élucider ce mystère.
Ce roman est court, mais très dense. On frissonne en le lisant et on préfère être chez soi qu’au fond d’un bois. L’atmosphère est inquiétante et très réussie. On est dans un thriller et le fantastique reste discret. On peut interpréter l’évènement central de la nouvelle comme fantastique s’il se passe vraiment comme il est décrit, mais ce pourrait aussi être juste l’imagination de Charlie qui lui joue des tours face à la pression. L’histoire se passe dans le Maine, qui est aussi le terroir de prédilection de Stephen King.
Ce texte est très agréable à lire, inquiétant à souhait et plein d’humour, un vrai régal. Le seul reproche qu’on peut lui faire est sa brièveté, on aimerait que ce délicieux roman ne se termine pas si vite. Et je parie que vous ne regarderez plus dans les miroirs de la même façon après cette lecture.